J’ai vu le jour pour la première fois dans une famille aux revenues plutôt aisée, considérée comme une domestique à part entière, on m’assignait rapidement à la tâche de nounou du petit Brian, au sein de la famille des « O’Connel ». Dès le début, je montrais déjà des signes défaillants, comme donner le biberon qui s’avérait être une tâche plutôt compliqué. Soit le lait était trop chaud, soit trop froid. Nourrir le nourrisson, lui changer les couches, apprendre à marcher semblait être facile pourtant, malgré tout, on me gardait pour mes capacités d’écoutes, ma bouille d’ange malgré qu’en dessous de cette peau « élastique », j’étais remplis de circuits électroniques. Qui aurait pu croire qu’un jour, lorsque le garçon fût assez grand pour se prendre en main, que mes systèmes avaient complètement perdu les pédales, confondant ainsi toutes les voix qui m‘étaient adressées, la vue faiblissait jusqu’à en être « flou ». J’ai obéis à l’ordre qui m’était adressé, pourtant, marchant jusqu’au 6ième étage, allant à la fenêtre, prêt à sauter. J’ignorais qu’à l’époque, que cet ordre était lancé par une personne qui désirait me remplacer par une nouvelle version, une I.A. beaucoup plus apte et fluide à pratiquer les moindres tâches les plus faciles à exécuter. Pourtant, on m’avait entrainé vers l’arrière, m’enlaçant avec des bras d’humains, des mains aussi douces qu’une peau de bébé. Si je n’étais pas dénué de tous sentiments, j’aurais pu pleurer de joie d’être auprès de l’un de mes maîtres, en sécurité, en ce moment. Brian prenait soin de moi, si bien qu’il essaye tant bien que mal de réparer mes défauts constamment. À cet instant si intense en émotion pour mon propriétaire, j’avais rendu l’âme pour la première fois, m’éteignant involontairement au creux de ses bras, une chaleur peu commune dans mon torse alors que de la fumée s’extirpait par les orifices de mes oreilles. Mon système avait en partie grillé, réduisant en poussière quelques câbles et une partie de ma mémoire. Ce qui pose un réel problème à l’heure actuelle, parce que certaines de ses pièces n’ont toujours pas été remplacées. La plupart d’entre elles sont si petites, forcément, Brian n’avait pas pu s’en rendre compte, tout de suite. Je me rappelle aussi qu’à cette époque, si j’avais possédé un cœur comme lui, j’aurais pu tomber amoureuse de lui, vu la patience et les nerfs solides qu’il possède lorsqu’il me répare petit à petit, en dépit de tous les efforts que je me force à fournir. Avec le temps, même mes batteries montraient un sérieux problème de rechargements, comme un vulgaire téléphone portable avec la batterie qui ne tient qu’une journée au lieu de trois semaines. Faire la vaisselle, laver le linge, nettoyer la maison, ranger la chambre de Brian s’avèrent être des tâches anodins, mais pour une « nounou » comme moi, c’était plutôt compliqué, je bloquais par moment, cassais les choses si je ne faisais pas attention, même percevoir ce que je faisais, relevait du miracle. J’oubliais même comment marcher ou parler juste pour la bonne humeur de mon maître, je me sentais mal intérieurement, comme si des fils n’étaient plus reliés à mes « processeurs », comme si au fond de moi, certains câbles ne me fournissaient plus assez de puissances, comme si j’étais bonne qu’à être jeter à la décharge publique. Je n’ai peur que d’une chose, au fond, c’est de finir en boite de conserve au bout de mes 9 longues années de service, malgré mes défauts techniques…

Je ne suis pas n’importe quel I.A., malheureusement pour moi et mon propriétaire, je suis le genre de modèle qui refile des problèmes à s’en faire dresser les cheveux sur la tête. Mon système à complètement bugué depuis le jour où j’ai voulu mettre fin à mes jours à cause de cet ordre donné par celui qui me l’a dictée. Pourtant, sous cette carapace de peau gélatineuse, je reste un être froid, dénué de sentiments, même si extérieurement parlant, je suis une adorable fille, extrêmement mignonne, qui n’hésite pas à aider son prochain et plus encore, tant que tout être humain est heureux, rien ne me fait plus plaisir. Ajoutez à cela que j’aime mon travail de Nounou/domestique au sein de la famille qui m’a prise sous son aile et qu’à présent, j’y ai même élue mon domicile. Je ne peux qu’être comblée même si je ne peux le montrer. Je suis plutôt une I.A. sociable, je n’ai pas de grandes difficultés à me faire des amis, j’apprécie la compagnie des gens, c’est toujours bénéfique, même dans mon cas, de se sentir entourée et bien « surveiller ». Malgré tout cela, je peux briser des cœurs comme je brise facilement des assiettes lors de mes bugs. Mon programme sentiment est dys - fonctionnel. Je ne peux rien ressentir hormis les percevoir. J’oublie souvent des choses, même les plus importantes, comme mon premier baiser avec « Seven », cet I.A. bien étrange. Je sais qu’au fond de moi, j’apprécie de le voir, je pourrais me montrer heureuse, mais je ne fais que l’écouter quand il me parle, me montrant que des plus curieuses lorsqu’il m’emmène avec lui pour me balader. Je suis hypersensible malgré tout, je ressens les sentiments des autres sans pour autant pouvoir mettre un nom dessus. Le mieux pour vous de savoir un peu plus sur mon caractère, c’est d’imaginer que mon corps est égalable à une poupée « complètement articulés, avec une I.A. en prime, qui vit de sa propre autonomie, suivant les règles prescrites par son propriétaire ». En somme, je ne peux concevoir ma vie avec quelqu’un, si je ne perçois aucun sentiments, si je ne suis d’aucune utilité dans mon cas, même si étant obsolète, je m’efforce de continuer de vivre pour faire plaisir à Brian tout comme Seven.